Rencontre aux Quatre Chênes. [PV Mouchy]

Pluie d’Été était paresseusement allongée dans la tanière des guerriers, au beau milieu de la journée. Elle considérait que son énième mauvaise nuit valait bien une patrouille; par conséquent, elle en avait assez fait comme ça. Et, plus important encore, elle n'avait aucune envie de profiter du froid glacial qui régnait au-dehors. Au matin, lorsqu'elle était sortie pour prendre un peu l'air, une fine couche de givre recouvrait tous les endroits que les chats de la Rivière n'avait pas encore piétinés. Frissonnante, la femelle avait fait demi-tour aussi sec, et depuis, elle n'avait plus quitté son lit douillet. Quelques guerriers l'avaient bien qualifiée de paresseuse, mais elle était parvenue à les ignorer à peu près, tant qu'elle pouvait profiter de la chaleur et du confort. Souriante, elle sommeillait presque lorsqu'une voix féline la fit sursauter.
- Alors, on se prend déjà pour une ancienne ?
Cette fois, son tempérament de feu reprit le dessus, et Pluie d’Été faillit se lever d'un bond. Mais elle se ravisa, et finalement, joua l'indifférence :
- J'ai été envoyée en patrouille aux Quatre Chênes. Comme c'est loin, je prends des forces avant le voyage, tu comprends ?
Elle avait bien conscience que son mensonge ne tenait pas vraiment debout, voire pas du tout : pourquoi patrouiller aux Quatre chênes, une zone neutre ? Alors, elle se dépêcha de sortir avant que l'autre ait eu le temps de revenir de sa surprise.
- Je crois que je me suis assez reposé. J'y vais ! lança-t-elle avec un sourire désinvolte, amusée de voir le matou bouche bée.
Une fois dehors, elle se mit à claquer des crocs. Frigorifiée, elle se rendit compte avec dépit qu'elle était piégée : si elle retournait à l'intérieur, le guerrier verrait bien qu'elle lui avait menti. Et elle ne pouvait pas rester au milieu de la clairière, à se tourner les griffes (se tourner les pouces); quelqu'un finirait par se rendre compte qu'elle tirait au flanc. Et puis, de toute façon, ce qu'elle faisait n'était pas vraiment "bien". Avec un soupir résigné, elle partit vers la destination qu'elle avait annoncée : les Quatre Chênes. Avec un peu de chance, elle pourrait joindre l'utile à l'agréable et croiser Foudre. Agréable, tu parles. Il voudra qu'on s'entraîne au combat, et je vais finir en morceau. Des morceaux surgelés... Elle se mit à courir pour réchauffer ses muscles engourdis, et lorsqu'elle parvint au lieu des Assemblées, elle se sentait à peu près bien. Essoufflée, certes, mais au moins, un peu moins congelée.  C'est dans cet état mi-figue, mi-raisin qu'elle arriva en haut de la petite colline où se trouvaient les Chênes. Et là, elle se retrouva museau à museau avec une jolie chatte au poil moucheté.
- Ah !
Surprise, Pluie d’Été s'étala lamentablement au sol. Elle se releva, honteuse de s'être laissée effrayer comme un chaton, et se secoua pour évacuer la poussière dont elle était recouverte. Puis, ne voulant pas s'attirer encore des ennuis, elle s'efforça de paraître amicale.
- Désolée, tu m'as fait peur, avoua-t-elle. Je suis Pluie d’Été, une des meilleures guerrières du Clan de la Rivière. Et toi ?
En tout cas, son odeur était indéniablement celle d'un chat de l'Ombre.

UP ?