L'arrivée.

Une fois que je fus sortie du tunnel, ce que je vis me laissa sans voix.

Des chats, des chats et encore des chats, partout ! Des sortes de petites maisons avaient était construite, un tas de gibier se trouvait au milieu de la clairière dans laquelle je me trouvais, et des grottes étaient aménagées. Je n'avais jamais rien vu de tel.
Nuage Tigré se tenait tout près de moi, tandis que des chats sortaient de leurs maisons, certains ayant des yeux, ronds, d'autres feulant, plusieurs prenant un air indigné et féroce, mais aussi quelques femelles qui s'approchaient prudemment.
Nuage Tigré respirait de plus en plus, vite comme si elle était en proie à une énervement qu'elle avait du mal à contenir.

Je commence à trembler et mes pattes se dérobent sous moi.
Je n'avais bu que dans quelques flaques d'eau et n'avais rien mangé depuis que je suis partie de mon chez moi. M tête commence à tourner et les chats qui sont maintenant tout autour de nous deviennent difformes, flous puis plus rien. Le noir.
Je pouvais encore les entendre, mais j'étais incapable de bouger ne serait-ce qu'une moustache.

Une fois qu'on est dans la merde, on ne recule plus. Ce proverbe est si vrai que je réfléchirais plusieurs fois maintenant. Car lorsque nous avons débouché dans le camp, la moitié du Clan était ici. Je ne m'attendais pas à tant de monde. Plusieurs têtes émergèrent des tanières. Pas possible, c'est un véritable cauchemar... Puis je me souviens : le mâle qui était dans la patrouille, celui que j'ai attaqué... C'était la patrouille de l'aube. Je ne prête plus vraiment attention à l'heure à laquelle je me réveille parce que je fais des rêves de choses tellement étranges que c'en est... flippant, TRÈÈÈS flippant. Du coup, je sors à l'aveuglette du camp et je chasse ou répète mes attaques.
Partout, on nous dévisage. Certains ont ouvert des yeux ronds comme des soucoupes, d'autres ont plissé les yeux et grondent, voir feulent de colère, de mécontentement ou de peur. Je connais déjà ce qu'ils se disent : la chatte errante ne fait que des conneries, en voici une autre preuve ! Ma respiration s'accélère. La chaton a faim, a soif. Elle s'écroule par terre. Elle respire encore, je ne l'alerte pas plus que ça. Hérissant mon pelage pour avoir l'air plus imposante, j'avance courageusement :
-Voici Petit Éb...
Un chat me coupe et contre :
-Encore un chaton errant ! Notre sang est décidément souillé ! D'abord Nuage Tigré, ensuite cette inconnue ! Et après, ce sera quoi ? Un chat domestique ?
Il rigole à gorge découverte et je dois me retenir de ne pas lui bondir dessus... Et de l'achever.

Je sens l'énervement de Nuage Tigré grandir.
Je m'efforce de me réveiller et je finis par ouvrir les yeux.
Nuage Tigré fait preuve de sang froid en ne bougeant pas une moustache, je suis impressionnée.
Elle me présente :
-Voici Petit Éb...
Mais un grand mâle la coupe et balance d'une voix mi-coléreuse, mi-sarcastique :
-Encore un chaton errant ! Notre sang est décidément souillé ! D'abord Nuage Tigré, ensuite cette inconnue ! Et après, ce sera quoi ? Un chat domestique ?

Je vois Nuage Tigré sous le point de perdre ce sang -froid. Son poil se hérisse malgré elle et un grondement s'échappe de sa gorge.
Pour faire diversion, en un effort surhumain, je me relève.
Je me tourne vers le grand mâle. Je le fixe en profondeur, et arrive à voir que sous cette carapace de prétentieux, il a peur. Je le fixe d'un regard neutre et lance en décomposant bien les syllabes :
-Je suis Petite Ebène.

Up ?