Partie de chasse | PV Nuage de Neige

Nuage de Neige rattrapa son mentor et lui lança :
- Merci de m'avoir débarrassée de cet idiot ! Il commençait à m'énerver !
Pluie d’Été sourit. Quoi qu'elle fasse, elle ne pourrait jamais empêcher son apprentie d'avoir mauvais caractère. D'ailleurs, si elle avait pu, elle ne l'aurait pas fait. Elle adorait les commentaires sarcastiques de Nuage de Neige et ne voyait aucune raison de s'en priver. Ils lui changeaient les idées avec une facilité effarante en lui permettant de se concentrer sur les problèmes des autres et ainsi d'oublier les siens. Elle soupira. Oublier n'était pas une solution très viable... Mais au moins, ça avait le mérite d'être très agréable, et elle l’appréciait pleinement. Concentre-toi sur l'entraînement, se morigéna-t-elle. Car à force de marcher, elles étaient parvenues dans un coin tranquille des bois, parfait pour la leçon qu'elle avait prévue d'aborder. Satisfaite, Pluie d’Été se tourna vers la novice au poil blanc et lui expliqua ce qu'elle avait en tête :
- Bon. Nous allons apprendre une technique de chasse qui ne te servira sans doute pas beaucoup étant donné que nous, chats de la Rivière, préférons de loin la pêche. Mais il faut savoir s'adapter et il arrive qu'en été, la rivière s'assèche. Voilà pourquoi un bon guerrier connaît aussi plusieurs alternatives. Comme tu le vois, nous sommes dans les bois; dans les bois, il y a des arbres, et dans ces arbres, il y a des...
Elle regarda Nuage de Neige et attendit. Écureuils ! songeait-elle de toutes ses forces, comme si la jeune chatte avait pu l'entendre.

Au fur et à mesure qu'elle expliquait, Pluie d’Été avait vu avec plaisir le visage de son apprentie s'illuminer de compréhension.​ Mais là, elle semblait sécher sur la question du gibier visé... Son mentor se mordit les lèvres, désolée d'avoir choisi cette interrogation entre toutes. Et si Nuage de Neige en parvenait pas à y répondre ? Pourtant, elle eu encore une fois une expression de compréhension et s'exclama enfin :

- Il y a des... Écureuils ! On va chasser des écureuils, c'est ça ?

Ravie que la jeune chatte ait trouvée seule la réponse, Pluie d’Été lui sourit et hocha la tête, approbatrice. Maintenant, elle allait utiliser sa propre méthode pédagogique pour apprendre la chasse des écureuils à la novice. Certains mentors étaient partisans d'expliquer d'abord en détail et même de montrer, puis de demander à l'apprenti de reproduire. Pluie d’Été, quant à elle, trouvait cela idiot. Elle préférait que les jeunes découvrent par eux-même et expérimentent à leur façon pour finalement trouver une technique qui leur convenait et qui était parfois meilleure que les méthodes classiques. C'était donc ce qu'elle allait faire ce jour-là avec Nuage de Neige. Elle désigna un arbre et dit simplement :

- Les écureuils vivent là-haut. Bonne chance.

Puis elle s'installa de son mieux sur le sol inégal et attendit de voir ce qui allait se passer pour la jeune apprentie. Allait-elle réussir à grimper ? Normalement oui, c'était très simple pour n'importe quel chat. Surtout que Pluie d’Été avait choisi pour commencer un chêne vert au tronc épais et incliné en arrière, avec beaucoup de branches basses très faciles d'accès. Même un Bipède n'aurait aucun mal à s'y hisser, songea la guerrière avec une pointe d'amusement. Non, ce qui risquait de poser problème, c'était plutôt la traque et la capture de l'écureuil. Pluie d’Été elle-même n'y arrivait qu'une fois u deux environ. Après tout, c'était al spécialité du Clan du Tonnerre... Mais pendant les si agréables saisons chaudes, il arrivait que la rivière s'assèche. Les guerriers du Clan devaient alors tenter d'autres techniques de chasse... Ou bien faire face à la famine.
Pluie d’Été reporta son attention sur Nuage de Neige et fut surprise par ce qu'elle vit...

A vrai dire, Pluie d’Été ne connaissait que très mal la chasse à l'écureuil. Elle y allait à l'instinct, s'approchant en silence puis bondissant au moment qui lui semblait le plus opportun. Il lui arrivait aussi de se faufiler dans les nids pour attraper les jeunes écureuils, mais seulement en dernier recours, car ils n’étaient ni très nourrissants ni vraiment délicieux. Elle leur reprochait surtout une amertume légère, mais particulièrement désagréable sur la langue... d’après elle.

- Crotte de souris !

C'était Nuage de Neige, dont la proie venait de s'enfuir à toutes pattes. Mais la novice ne se démonta pas et continua en bondissant ! Jamais Pluie d’Été n'avait vu un chat pourchasser ainsi l'une de ces bestioles de branche en branche. Ébahie, elle suivit des yeux le chemin de son apprentie. Elle aurait pu tomber, mais un excellent équilibre lui évita la chute, et elle descendit bientôt, triomphante.

- Je l'ai eu ! Ce n'était peut-être pas comme ça qu'il fallait faire, mais je l'ai eu !

Pluie d’Été se leva et s'approcha de Nuage  de Neige, mi-figue mi-raisin. Elle était fière... Mais un peu énervée, aussi. Nuage de Neige aurait pu se blesser gravement, mais comme d'habitude, elle n'en avait fait qu'à sa tête... Pluie d’Été fronça les sourcils et se composa un visage sévère. C'était difficile d'en vouloir à son apprentie alors qu'elle même faisait souvent ce genre de bêtises, surtout que finalement, tout s'était bien passé et l'écureuil avait été attrapé. Avec un soupir, la jeune guerrière secoua la tête et, finalement, sourit.

- Bravo, dit-elle, tu t'es vraiment bien débrouillée. Mais évite de recommencer un tour comme celui-là, parce que tu n'auras peut-être pas autant de chance la prochaine fois. Si tu avais marché sur une branche fragilisée, et qu'elle s'était cassée, tu aurais pu te briser la colonne vertébrale et être condamnée à l'immobilité pour le restant de ta vie !

Pluie d'Eté elle-même en frissonna. Elle avait peut-être semblé un peu alarmiste avec ses histoires de paralysie, mais elle préférait faire peur à Nuage de Neige pour rien plutôt que de la retrouver morte.

Pluie d’Été essaya d'observer la réaction de son apprentie. D'abord, elle avait eu l'air apeurée, et la guerrière avait espéré qu'elle comprenait la leçon, puis elle avait eu l'air interrogative, et enfin, ses poils s'étaient dressés sous l'effet de... la surprise ? Qu'est-ce qui pouvait bien l'étonner aux points qu'elle ait cette expression d'horreur muette ? La réponse vint avec celle de la jeune chatte blanche :

- Désolée de changer de sujet, mais... Tu attends des petits de Foudre ?

Pluie d’Été rougit violemment sous sa fourrure et tenta de calmer les émotions incroyablement fortes provoquées en elle par ces simples mots. Elle était à la fois heureuse, angoissée, étonnée que cela se voit autant, et même un brin honteuse. Peut-être que ce n'était pas une si bonne idée... Pourtant cela lui faisait tellement plaisir d'imaginer avoir bientôt ses propres chatons ! Mais Foudre... Eh bien, comme père aimant, on pouvait sans doute trouver mieux. Cependant, Pluie d’Été savait qu'il pouvait se montrer doux et tendre. Il l'était avec elle.Un détail lui revint tout à coup en mémoire, qui datait de leur première rencontre : à l'époque, il l'avait parfois appelée "princesse". Ce surnom affectueux était bien la preuve qu'il était capable d'amour, non ? Tout comme les rares sourires sincères qu'il gardait uniquement pour elle... Pas ce sourire terrifiant que voyaient ses victimes avant de mourir, non, mais celui, malicieux et empli d’amour, qu'elle-même ne surprenait que rarement...

Perdue dans ses pensées, Pluie d’Été en avait oublié Nuage de Neige, qui attendait toujours sa réponse. Lorsqu'elle s'en souvint, elle refoula au plus profond de son cœur ses sentiments pour le solitaire et afficha un air innocent :

- Peut-être... ou pas. Elle fit son sourire le plus éclatant. Pourquoi, c'est tellement visible ? Mince, alors...

Son ton était plus que sarcastique, et elle n'avait pas l'air le moins du monde fière ou bienveillante. Son regard était glacial lorsqu’elle ajouta :

- Ce qui est sûr, c'est que ça ne te regarde pas. Je te l'ai déjà dit quand tu as découvert mon secret : ce qu'il y a entre Foudre est moi reste entre moi et Foudre. Tu es au courant, d'accord, mais je ne veux ni questions, ni remarques, ni rien. C'est bien compris ?

Aussitôt après, Pluie d’Été retrouva son visage habituel, et elle sourit joyeusement à son apprentie, comme si de rien n'était. Puis elle se tourna à demi et désigna du bout de la queue la direction du camp.

- Je crois qu'on a eu assez d'émotions pour aujourd'hui. On rentre ?

En son for intérieur, la guerrière tigrée s'en voulait d'être aussi dure avec son apprentie, qu'elle aimait énormément. Mais pendant un instant, elle s'était demandée ce que ferait le reste du Clan s'il découvrait qui était le père de ses petits. Est-ce que ces derniers pourraient malgré tout devenir à leur tour apprentis puis guerriers ? Franchement, Pluie d’Été en doutait... Et en étant si ferme, elle ne cherchait qu'à les protéger, ces êtres innocents et minuscules qu'elle sentaient grandir dans son ventre. En fait, elle avait eu terriblement peur pour eux, et si la novice au poil blanc risquait de les mettre en danger en révélant la vérité, elle devait l'en empêcher. Ce qu'elle avait fait, et tant pis si cela lui coûtait beaucoup. Son instinct la poussait à agir de cette façon, et elle avait toujours suivi son instinct.

Sauf quand il lui avait ordonné de s'éloigner de Foudre.

Nuage de Neige accepta la proposition de son mentor de rentrer au camp. Pluie d’Été en fut soulagée, parce qu'elle se sentait un peu mal à l'aise. entre le sujet de discussion et l'attitude qu'elle avait eu, un sentiment entêtant de culpabilité la tarauder. Plus vite elle serait seule pour réfléchir, mieux ce serait, et pas uniquement pour elle. N'importe qui prenait des risques en lui parlant quand elle était de cette humeur, car une Pluie d’Été contrariée cherchait en général quelqu'un sur qui passer sa colère. Et, concentrée sur ses émotions, elle ne faisait pas du tout attention à celles des autres, notamment à celles qu'elle provoquait par ses piques blessantes ou ses reproches injustes. Ceux-là même qu'elle ne faisait QUE lorsqu'elle était d'humeur massacrante.

Sachant cela, n'importe qui l'aurait laissée en paix. A part peut-être Foudre... et pas seulement parce qu'il y avait moins de chances qu'elle s'en prenne à lui. Certes, il y en avait moins, mais il y en avait tout de même. Non, son Foudre n'était simplement pas du genre à prendre des pincettes, même avec elle. C'était d'ailleurs une des choses qu'elle aimait chez lui.

Penser au chat qu'elle aimait l'avait légèrement détendue, et tout en marchant vers le camp, elle tenta de réengager la conversation avec son apprentie :

- La prochaine fois, je pourrais t'apprendre à attraper des lapins.

Elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, car en réalité, elle n'avait jamais chassé de lapin. Et elle n'était même pas certaine qu'il y en ait dans le coin.