stay here... see me come undone ,just breathe my soul and turn me on, lay me down and stop the time So long, now leave the world behind — vengeance du loup

ONE MINUTE
— VENGEANCE DU LOUP —

Le vrombissement des monstres le tira hors de ses pensées. Il sauta de justesse sur le chemin du tonnerre et le traversa à une vitesse fulgurante. L'asphalte arrachait ses coussinets et le fumet insupportable de la terre et de l'essence obstrua ses poumons. Pendant quelques secondes Nébuleuse tenta de reprendre son inspiration, en vain. Il venait littéralement de frôler le mort. Les amas de ferrailles qui roulaient sur le chemin du tonnerre était particulièrement nombreux ces jours-ci et il lui avait suffit d'une seconde d'inattention pour se retrouver un plein milieu de la route goudronnée. L'odeur qui s'en émanait par temps de pluie était enivrante, aussi toxique et empoisonnée que douce, elle lui rappelait des souvenirs. Mélancolique il tenta de reprendre son souffle une seconde fois et quand l'air se fracassa contre sa cage thoracique il laissa échapper un rire gênée. Respirer n'avait jamais été aussi salutaire. Mouillé, trempé jusqu'aux os, il s'ébroua en vain, l'ondée revint s'écraser sur son pelage gondolant. Pour une fois il était heureux d'avoir un pelage plutôt fin. La pluie ralentissait considérablement ses mouvements, alors oui, pour une fois, avoir un pelage léger était une bonne chose. Il se réfugia sous le premiers buissons qu'il croisa sur son chemin pour résumer la situation.

Il avait quitté la patrouille pour vérifier une odeur, s'était retrouvé sur le chemin du tonnerre et maintenant il errait dans le territoire de l'ombre. Il songea à retourner traverser la frontière mais des bruits qu'il n'avait encore jamais entendu et un cri strident lui assura que faire demi-tour n'était pas une si bonne idée. Il était loin de savoir qu'il avait causé un accident et que, hélas, il allait devoir rester là un petit bout de temps. Ce qui le dérangeait ce n'était pas tellement d'être mouillé,d'avoir froid et autant de chance de tomber malade que de croiser un guerrier de l'ombre, c'était surtout qu'il ne voulait pas qu'on s'inquiète pour lui. Le vacarme du choc avait pu alerter ses camarades, ô, ancêtres. Faites qu'ils ne l’enterrent pas avant l'heure ! C'est dans cette ironique situation qu'il décida de croiser au plus vite une patrouille pour qu'on puisse le ramener chez lui. Formuler la demande sera plus complexe que d'habitude " Bonjour, j'ai failli me faire écraser par un monstre j'ai causé un accident qui a peut-être tué un bipède et je dois rentrer chez moi avant qu'on me jette dans une fosse alors que je suis vivant, ah et au passage je suis trempé j'ai froid et j'ai faim.". Non. Non ce n'était franchement pas une bonne idée.

— BORDEL DE PLUIE DE MES DEUX !

Il était rarement énervé. Pire encore il laissa rarement sa colère sortir. Perdu et désespéré il commença à s'allonger, le froid gelait ses muscles et il se sentait fiévreux. Non. Non pitié. Ce genre de mort ce n'est pas lui...Ce n'était vraiment pas le genre de mort qu'il voulait... Une vague odeur du clan de l'Ombre lui redonna une vague d'espoir, il prit une grande inspiration et toujours roulé en boule de manière extrêmement disgracieuse il demanda à voix haute en espérant que quelqu'un lui vienne en aide si justement, il y avait une bonne âme.

— Hum. Monsieur, si vous êtes là, venez moi en aide, je. Arg. Je crains qu'en plus d'être ridicule mon excuse ne tienne pas la route, mais pitié s'il y a quelqu'un. Mourir de froid n'est pas vraiment la mort que j'aurais espéré...

Comme pour illustrer ses sombres paroles, une quinte de toux le transperça de part en part.

ONE MINUTE
— VENGEANCE DU LOUP —

L’odeur se faisait plus forte, le lieutenant daigna se relever, ne serait-ce que pour se donner la prestance nécessaire pour ne pas flirter avec le ridicule une seconde de plus. Il prit une grande bouffée d'air, une fois de plus et accueillit sagement le nouveau venu qui avait un pelage gris des plus charmants. La dernière qu'il avait vu un si beau pelage, il l'avait senti et aperçu sur le dos de son ancien mentor. Le Lieutenant chercha les yeux du matou. Il aimait regarder droit dans les yeux les autres, ne dit-on pas qu'ils sont le miroir de l'âme ? Le jeune guerrier y croit dur comme pierre,  la pierre elle même n'étant pas assez dure pour qualifier la foi qu'il accordait  cette lointaine croyance.  Il croisa dans ses yeux le soleil, des beaux yeux ambrés comme il aimait les admirer. Cependant sur l'un de ses beaux yeux, une cicatrice faisait office de tâche. Quel dommage de gâcher un si beau visage, quoique cela doit plaire au demoiselle un guerrier balafré... Il baissa la tête pour regarder ses propres cicatrices, des longues griffures qui coupait en deux son flanc. Ses enfoirés avait bien réussi à lui ouvrir la peau et si Murmure du Ressac n'avait pas été là on aurait retrouvé que ses tripes sur le sol. Rien qu'en y pensant il frissonna, ce n'était pas le froid ce coup-ci.

— Pourquoi pas ? Je t'accompagnerais.

Un bonjour ça t'arracherais la gueule ? Quel rustre ! Nébuleuse oublia alors tout d'un coup le froid, les terres du clan ennemi et tout ce qui pouvait lui porter préjudice. Bon. Ok. Il n'était pas chez lui, certes, il venait de violer en beauté une frontière, voilà, et son excuse pas très bien formulée, c'est un fait. Mais visiblement les guerrier du clan de l'Ombre sont vraiment, vraiment très malpoli. La base, voilà la base, quand on est avec un inconnu quelle que soit la situation, le mieux c'est de se présenter humblement, s'échanger des salutations et après agir.Ne serait-ce que pas courtoisie entre camarade de clan, surtout qu'il était lieutenant.Même dans un piteux état il restait une personne importante. Il n'aimait vraiment pas se servir de son rang, mais de telles erreurs de savoir-vivre le mettait hors de lui. Et d'ailleurs, utilisais vraiment trop le mot 'vraiment'.

— Bonjour, je pense que déjà ça serait un bon début. Même si je suis en tort, je mérite le respect. Il me semble qu'on s'est déjà croisé à une assemblée non ? Dans tout les cas, je doutes que votre clan n'apprenne plus à ces chatons qui sont els grands de ce monde.

Il soupira. Il aurait vraiment aimé que cela se passe autrement. Conscient de s'être emporté et désireux de repartir sur de bonnes bases il salua donc le guerrier et entreprit de détendre lui-même l'athmosphère.

— Excusez moi... Rah. Doux ancêtres. Je me suis emporté, il fait froid, il pleut et le chemin du tonnerre est bouché, j'ai frôlé la mort et la crise cardiaque. Je suis très à cheval sur la politesse vous savez, j'ai des manières et je ne doute pas un instants que vous en avez, enfin. Bref. Désolé.

Il bafouilla tellement qu'après son presque trop courtois monologue il voulut s'enterrer plus bas que terre.

— Je veux bien qu'on me raccompagne, je ne veux point vous importuner une seconde de plus, évitons l'accident diplomatique juste pour un bonjour.

Même si pour le coup c'est toi qui à commencé, idiot. Se dit-il à lui même.