Creepy shadows | PV Ombre

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Tout était calme. La sérénité de la forêt avait quelque chose d'effrayant et de malsain. D'ailleurs, le nom de cette immense étendue de végétal - Forêt des Morts - n'était pas anodine à cette sombre ambiance.

De la neige, blanche, pure, couvrait les arbres dénudés. Ceux-ci, non contents d'avoir perdus leurs beaux habits, se tordaient pour esquisser des grimaces hideuses. Au loin, le hululement inquiétant d'une chouette montait, apporté par l'écho du lointain.

Puis le craquement des branches tombées au sol brisa le silence oppressant de la Forêt des Morts. Un éclair immaculé se glissa parmi les feuillages givrés.

A la nuit tombante, la forêt prenait une teinte jaunâtre, presque dorée, accompagnée par une subtile nuance de bleu annonçant la nuit. Un vent froid soufflait, caressant les arbres à la face effroyable. De la brume tombait peu à peu. Cet endroit correspondait à l'idée qu'elle se faisait des limbes.

Hymne d'un Printemps traquait. Silencieuse comme une ombre parmi les morts dansant de la forêt, elle traquait. Non loin d'elle, la petite sourie assez dodue pour la saison ne l'avait pas entendue. Les pupilles réduites à deux fentes, de la buée blanche sortant de sa gueule entrouverte et de son nez, la femelle tricolore guettait sa proie. Son Clan avait besoin de se nourrir, et, un peu plus tôt, elle avait déjà manqué un rongeur maigrichon. Hors de question de laisser s'enfuir cette proie-ci !

La guerrière s'approcha encore un peu, toujours sans le moindre bruit. Pas une feuille crissa sous ses pas. Elle était un mort, comme les autres. Et elle dansait au fil des battement du cœur de la souris, qu'elle entendait battre dans sa minuscule poitrine. Et bientôt, cette pièce de choix viendrait valser avec les autres morts de la forêt.

Oui, elle danserait avec Sans Nom et Carillon.

D'un geste vif, Hymne d'un Printemps bondit, sa chaîne tintant tel un grelot. La sourit, à l'ouïe fine, se releva sur ses petites pattes et se mit à courir aussi vite qu'elle put. Presque au bon moment, puisqu'en un saut, la guerrière tricolore ne put qu'accrocher la queue rosâtre de son menu, qui réussit à se démêler et à s'enfuir.

Cependant, dérapant en un virage très serré, elle retomba directement devant sa proie qui ne put faire plus que se jeter devant ses griffes acérée et s'empaler dessus. Un filet de liquide rougeâtre gicla, et, soucieuse de ne faire souffrir plus longtemps l'innocente proie, Hymne d'un Printemps lui trancha la gorge d'une morsure rapide.

- Merci, Esprits de la Nuit d'avoir offert à mon Clan de quoi se nourrir.

Comme pour ponctuer ses paroles, de petites étoiles commençaient à naître sur la voûte céleste.

Puis un craquement lugubre se fit soudain. Hymne d'un Printemps tendit l'oreille. Un autre craquement. Une étrange oppression l'assaillit. Elle n'était pas seule. On l'observait. Elle sentait une paire d'yeux malveillants peser sur elle. Lentement, elle se retourna, sur ses gardes.

- Qui est là ? cria-t-elle aux alentours.

HRP:

Ombre se leva d'une méchante humeur pour les autres ce matin là, mais excellente pour elle. La féline sortit illico du camp, elle n'avais pas envie de perdre son temps avec ses "camarades de clan" et le soit-disant "code du guerrier", basés sur des croyances de pacotilles. Elle huma l'air frais du matin et se mit en route pour la chasse... aux chats ! Ce n'était pas ordinaire, mais c'était ce qui constituait la vie d'Ombre. Tuer, tuer, tuer encore, faire souffrir ces félins de clans stupides. Elle martyrisait même son propre clan de ses propos venimeux, et jubilait s'il ils atteignaient le but souhaité. C'est à dire tout le temps. La chatte noire repéra une odeur de chat, un félin du clan de la Rivière. Elle s'approcha doucement. C'était une reine, qui était venue pour boire l'eau pure qui coulait dans la rivière. A juger la taille de son ventre, elle attendait des petits:

_ Comment gâcher plusieurs vies en portant un seul coup...
La femelle adverse se retourna, et Ombre en profita pour lui bondir dessus, visant son ventre bien rond. Elle ne le manqua pas, l'ouvrant d'entre les pattes avant jusqu'aux pattes arrières. Blessure plutôt grave pour une reine. Celle-ci se mit à vomir du sang, et ses yeux devinrent vitreux. Son ventre s'ouvrit en grand d'un seul coup, et la chatte tomba, raide morte. On distinguait dans le sang rouge des paquets informes:

_ Des vies en moins à tuer.

La chatte sanguinaire s'abreuva du sang qui coulait de la gueule de l'autre, sans toucher aux petits, et laissa le cadavre là. Puis elle avança dans les terres, et se retrouva bientôt dans le territoire du clan de l'Ombre.

_ Idéal pour une nouvelle partie de chasse... susurra la féline aux yeux violets.

Elle entendit alors une voix, et s'approcha de l'origine du son. Ombre apperçut alors une chatte qui avait l'air de remercier le ciel.

_ Ces chats de clans sont décidément de plus en plus fous... et ramollis.

La chatte tordue eut alors une idée. Elle fit craquer les branches mortes situées sous ses pattes. L'autre femelle se retourna et miaula d'inquiétude:

_ Qui est-là ?

Cette voix peureuse mais forte... Ombre aurait sûrement des choses à faire avec cette chatte. Elle dit juste par énigme:

_ Je guette mes proies dans l'ombre, et tel est mon nom, chatte de "clan".

Elle appuya bien sur le dernier mot, et ne jugea pas digne de se montrer. Pour le moment...

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Elle sentait... L'ennemi n'était pas très loin. Mais avec la brume environnante, impossible de savoir où. Serrant les dents, Hymne d'un Printemps s'apprêta à faire face à une éventuelle attaque surprise.

- Je guette mes proies dans l'ombre, et tel est mon nom, chatte de "Clan", susurra la voix.
- Montre-toi, cria la chatte tricolore. Tu n'es qu'un lâche si tu te caches ainsi à tes adversaires. Aurais-tu peur d'une chatte telle que moi ? Une chatte de Clan !

Ce n'était pas vraiment de la provoque, mais plus une façon d'inciter son ennemi à se montrer. D'ailleurs, son ton avait été fort et clair, malgré la peur qui montait en elle. Par bonheur, la brume en effacerait la fragrance et l'intrus ne pourrait sentir l'angoisse de la femelle tricolore.

Elle entendit un craquement, un peu sur sa gauche, et se retourna vivement, faisant tinter sa chaîne violâtre. La femelle poussa un grognement pas bien convainquant pour tenter d'intimider l'ennemi. Elle n'avait jamais vraiment su se montrer agressive et violente...

- Allez, montre-toi ! répéta-t-elle. Tu n'oserais pas prouver que tu vaux moins qu'une chatte de Clan ?

Encore une fois, une façon de forcer l'intrus à se dévoiler. C'était une technique qu'employait souvent Pluie de Feu. Très efficace, à vrai dire...

Le vent souffla, telle la plainte des esprits perdus de la Forêt des Morts. l'atmosphère sembla un instant plus lugubre que jamais, et Hymne d'un Printemps ne put s'empêcher de frissonner.

"Chante-moi une chanson pour la Fraternité
Tel un magnifique Requiem d’Été
Ou bien un beau Gospel
Que l'Automne appelle
Fredonne-moi un Hymne
Pour que le Printemps arrive
Et au fond de mon coeur résonne
Une Berceuse magnifique
Pour que l'Hiver disparaisse à jamais."

Hymne d'un Printemps fredonna mentalement ces paroles afin de se donner du courage, et avec succès. De nouveau plus confiante elle se redressa et s'apprêta à faire face à l'adversité.

L'autre chatte tournait en rond, hurlant des paroles pour que Ombre sorte. Mais la chatte ombreuse n'était pas dupe: elle avait compris le manège de la féline qui se trouvait en face d'elle. Un détail retint l'attention d'Ombre. La femelle du clan de l'Ombre portait une chaine violette à l'une de ses pattes. Pourquoi ? La guerrière sombre ne saurait le dire. Mais l'air de cette femelle de clan prouvait qu'elle était faible, qu'elle avait connu l'amour. Le sentiment poison. Se fier à des paroles, qui en vérité n'ont aucun sens. La vie est bien cruelle, face à ceux qui ne sont pas capable de l'assouvir. Ombre décida de faire paraître uniquement ses yeux, tel deux fentes violettes dans la forêt sombre. Elle miaula d'un ton sans appel:

_ Je crois que tu te trompes. Contrairement à vous, je ne suis pas une lâche...

Ombre aimait que des chats de clans la cherche ainsi, car ils ne savaient éperdument pas ce qu'ils risquaient. Au final, on les retrouvait morts au détour d'un chemin, sans comprendre pourquoi ils avaient succombé si vite et aussi mystérieusement.

La chatte ombreuse se souvenait de chaque félin qu'elle avait tué, de chaque chat qu'elle avait manipulé, de chaque matou qu'elle avait mené à la mort. Et peut-être que cette féline, en face d'elle, serait bientôt parmis sa collection de félins morts.

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